Savez-vous ce qu’est l’accessibilité du web ?
Si oui, c’est une bonne nouvelle ! Et dans le cas contraire, voici de quoi l’apprivoiser…
En quoi ça consiste ?
En étant très succinct, on peut dire qu’un site accessible est un site dont l’ensemble des contenus mis à disposition est consultable par tous les internautes.
Pour comprendre ce que cela implique, voyons plus en détail les 4 grands principes de l’accessibilité du web :
- perceptible : le contenu doit être correctement restitué pour pouvoir être vu, lu ou entendu;
- utilisable : les différentes actions doivent être réalisables peu importe les moyens de consultation, sans limite de temps, et sans perturbations;
- compréhensible : le contenu doit être intelligible, les interactions cohérentes et prévisibles, et l’utilisateur guidé pour éviter des erreurs;
- robuste : le contenu doit être compatible avec les différentes technologies de consultation, actuelles et futures.
Ainsi, le contenu et la navigation doivent être accessibles à l’utilisateur, indépendamment des moyens dont celui-ci dispose.
Qui est concerné ?
L’accessibilité est importante en premier lieu pour les personnes handicapées, puisque ce sont elles qui rencontrent le plus d’obstacles à la navigation.
On classe généralement les handicaps en 4 catégories : auditif, cognitif/neurologique, moteur, et visuel.
Les difficultés rencontrées lors de la navigation sont différentes selon chaque catégorie, mais aussi selon le niveau de handicap, et les technologies d’assistance utilisées.
En effet, il existe des outils qui facilitent la vie des personnes handicapées sur l’outil informatique. Pas forcément créés pour cet usage à l’origine, ils sont néanmoins facilitateurs d’accès.
Sans être exhaustif, on peut citer :
- les lecteurs d’écrans, logiciels restituant (lisant) le contenu des pages via une synthèse vocale
- la navigation au clavier
- les dispositifs de pointage autres que la souris : joystick, trackball, headstick, …
- les outils de personnalisation de l’affichage : taille de texte, couleurs, espacement, …
- les systèmes d’aide contextuels : correcteur orthographique, favoris, historique, …
Mais tout cela ne suffit pas, si les sites ne prennent pas en compte le large éventail d’utilisateurs et de technologies de consultation.
Ainsi, une page trop longue pourra être un obstacle pour une personne aux troubles de la concentration, mais également pour un malentendant qui maîtrise moins bien la lecture, ou un handicapé moteur qui navigue au clavier.
Autre exemple, le mouvement d’un carrousel automatique pourra perturber fortement la lecture d’un handicapé cognitif, mais également empêcher un handicapé moteur de sélectionner l’élément qui l’y intéresse, faute de temps.
Il est difficile de s’appuyer sur des chiffres pour estimer le nombre de « victimes principales de l’inaccessibilité » : en effet, selon les niveaux de handicaps pris en compte, l’écart peut être très grand… Sans oublier qu’on peut aussi inclure toutes les personnes confrontées à une palette très variable de ces handicaps : les personnes âgées, par exemple.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier les « handicaps contextuels » que tout le monde est amené à rencontrer (manque de luminosité, environnement bruyant, fatigue…) ainsi que le large éventail de périphériques utilisables pour consulter des sites internet.
Au final, l’accessibilité concerne tout un chacun : comme je le soulignais déjà dans ce compte-rendu, prendre en compte l’accessibilité, c’est faire attention à de nombreux points qui ont un impact pour tous.
Ainsi, sous-titrer une vidéo de conférence ou en donner une transcription textuelle, cela ne profitera pas seulement aux malvoyants ou malentendants, mais également à tous ceux qui ne voudront pas mettre un casque ou simplement préfèreront lire en diagonale pour se concentrer sur les parties qui les intéressent.
De même, garder une cohérence de présentation pour les éléments de navigation entre toutes les pages d’un site, ça n’est pas uniquement prendre en compte les utilisateurs avec des troubles de la compréhension ou ceux qui naviguent au clavier, mais aussi répondre à un besoin de logique pour tous.
Enfin, développer un site en conformité avec les standards et spécifications internationales, c’est faire en sorte que le contenu soit correctement restitué, et la consultation possible autant avec une souris qu’un clavier, un écran tactile ou tout autre dispositif de pointage actuel ou à venir.
Quel cadre pour l’accessibilité du web ?
L’accessibilité constitue un droit fondamental, que ce soit sur le web ou ailleurs, évoqué dans la Convention Relative aux Droits des Personnes Handicapées de 2006 : l’Organisation des Nations Unies y inclut le « refus d’aménagement raisonnable » dans les formes de discriminations fondées sur le handicap.
En France, on se réfère à la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Cette loi contient, entre autres, l’obligation d’accessibilité physique pour des lieux, mais également, dans l’article 47, « l’accessibilité des services de communication publique en ligne » :
L’accessibilité des services de communication publique en ligne concerne l’accès à tout type d’information sous forme numérique quels que soient le moyen d’accès, les contenus et le mode de consultation. Les recommandations internationales pour l’accessibilité de l’Internet doivent être appliquées pour les services de communication publique en ligne.
De quelles recommandations parle-t-on ?
Les 4 principes cités plus haut ne sortent pas de nulle part.
En effet, l’accessibilité du web a été définie en tant que telle par la WAI (Web Accessibility Initiative), que l’on pourrait traduire imparfaitement par « Initiative pour l’accessibilité du web ».
Ce groupe fait partie du W3C (World Wide Web Consortium), qui est une communauté internationale se chargeant de définir et faire évoluer les standards du web.
Depuis sa création, la WAI a produit un ensemble de recommandations pour l’accessibilité des contenus web, reconnues comme norme internationale ISO depuis 2012.
Ce document regroupe un grand nombre d’indications techniques très détaillées pour créer du contenu web accessible.
Au niveau français, il existe 2 référentiels principaux basés sur ces recommandations internationales. Ils offrent une grille d’analyse regroupée par thématiques, et permettent d’évaluer de manière pragmatique l’accessibilité d’un site, critère par critère.
Le premier est le référentiel Accessiweb, dont la dernière version prend en compte les standards HTML5 les plus récents, et le second est le RGAA, Référentiel Général pour l’Accessibilité des Administrations, créé suite à la loi de 2005.
Conçus chacun de leur côté, ils vont bientôt ne former qu’un seul référentiel : le RGAA 3.0, basé sur la dernière version d’Accessiweb. Ce nouveau référentiel est actuellement disponible dans une version ouverte à commentaires publics, en attendant sa publication officielle.
EDIT : le référentiel RGAA 3.0 est officiel depuis fin avril 2015.
Comment rendre un site accessible ?
Une réponse courte serait : faire un audit du site par un expert du référentiel, et corriger ensuite ce qu’il y a à corriger. Cependant, cela serait très réducteur, car selon l’état du projet, la mise en œuvre peut être très complexe et avoir un impact non-négligeable.
Mais surtout, on passerait alors à côté de la problématique fondamentale : plus que rendre un site accessible, ce qui importe c’est que cette accessibilité soit maintenue sur la durée.
En effet, l’accessibilité web est intrinsèquement liée à divers aspects de la conception et de la maintenance d’un site : rédaction, design, code… Tous ces éléments ont leur rôle à jouer pour que l’ensemble des contenus soit accessible.
Pour être viable, il importe donc que l’accessibilité fasse partie du cœur des priorités tout au long de la vie d’un projet web, que ce soit lors de sa création, de l’ajout de contenu, ou des évolutions.
Pour aller plus loin
L’accessibilité du web est un sujet vaste et complexe, que je ne fais ici qu’effleurer.
Voici donc un échantillon de liens autour de la question :
- « Le Web, monde hostile », billet d’humeur et piqûre de rappel
- Le Guide d’accompagnement du RGAA, qui détaille les implications et problématiques derrière l’accessibilité
- une série d’interviews d’utilisateurs aux différents handicaps, sur leur utilisation du web
- l’infographie « Pas de bras, pas de loi », sur l’application limitée de la loi de 2005 (mais je vous invite à en lire d’abord la transcription textuelle, afin de voir comment on peut effectivement rendre accessible un contenu graphique)
À propos de moi
Intégratrice multimedia et Experte Accessiweb en Évaluation, je travaille actuellement sur le site d’un éditeur de logiciels pour l’hôtellerie et la restauration, et sur un tableau de bord de performance mécanique en ligne.
Crédits photo : Lachlan Hardy